Route de nuit – Porsche 968 l’Art : le car by Kar


Revisiter une auto des années 90, c’est le pari d’Arthur Kar, créateur de l’Art automobile. Si le résultat ne figure pas parmi les voitures d’art les plus splendides de l’histoire, il a le mérite de mettre en avant les fabuleuses lignes des Porsche de ces années-là, trop souvent boudées.

La Porsche 968 revue et corrigée par Arthur Kar était exposée dans une boutique éphémère parisienne.
La Porsche 968 revue et corrigée par Arthur Kar était exposée dans une boutique éphémère parisienne.

Le principe d’une art car est simple. En général, un constructeur contacte un artiste et lui laisse (plus ou moins) carte blanche pour réinterpréter l’un de ses modèles. BMW s’est fait une spécialité de cette pratique avec des créateurs tels que Jean-Pierre, ou, plus anciennement, David Hockney ou Roy Lichtenchtein. Dans le cas de cette Porsche 968 tout simplement baptisé ‘l’Art’, la démarche est très différente. Car le constructeur allemand n’est pas à l’origine de l’affaire, même s’il a rapidement rejoint le mouvement.

Un avant en forme de squale et des lignes épurées :  le cahier des charges de la 968 est respecté.
Un avant en forme de squale et des lignes épurées : le cahier des charges de la 968 est respecté.

L’initiative est celle d’Arthur Kar. Le bien nommé, Français né au Liban, est à l’origine de la maison l’Art de l’automobile. Son truc à lui, c’est la vente de voitures rares et chères. Très introduit dans le gotha, puisqu’il compte parmi ses clients la crème du rap ou encore Justin Bieber, l’entrepreneur a également lancé une ligne de vêtements. Fan de Porsche depuis toujours – il a exercé dès l’âge de 16 ans en tant que laveur de voitures dans l’une des concessions parisiennes de la marque — Arthur Kar a voulu revisiter la 968. Porsche a rapidement donné son feu vert, et le créateur vendeur s’est lancé dans la transformation en compagnie du designer Adrien Leborgne.

Une art car qui met en valeur un design oublié

Un an et demi plus tard, au début du mois d’octobre, la 968 est apparue. Les deux hommes ont transformé un cabriolet en spider, en ont contourné le pare-brise, simplifié l’intérieur et réalisé une peinture verte très spécifique. Si l’on peut légitimement émettre des doutes sur la créativité du travail réalisé, puisque les bases du dessin de la voiture, tout comme sa planche de bord, sont intactes, l’on peut en revanche saluer le mérite de l’opération. Car elle permet de mettre en valeur la qualité du design Porsche des années 80 et 90.

Comme l'extérieur, la planche de bord de la 968 Art ne fait qu'épurer un dessin qui le méritait.
Comme l’extérieur, la planche de bord de la 968 Art ne fait qu’épurer un dessin qui le méritait.

Cette série d’autos plutôt mal aimées de la marque de Zuffenhausen a essuyé les quolibets des puristes du flat 6 qui reprochaient aux 924, 944, 968 et 928, leurs sous motorisations pour certaines et leurs moteurs à l’avant pour toutes. Mais au-delà des considérations techniques, le design Porsche était à cette époque parmi les plus épurés que l’on puisse trouver sur la planète auto. Les profils avant façon squale répondaient parfaitement à l’arrière tout en prolongeant de ces lignes, et ce, sur l’ensemble des modèles de ces années-là. La tentative d’Arthur Kar, en gommant les quelques artifices en plastique surajoutés sur la 968 de série, vient fort à propos rappeler la pertinence du dessin original de la 968 de série née en 1992. C’est peut-être la seule qualité de cette Art Car, mais c’est déjà anormal.